Elle avait les cheveux raides, et le regard droit
Une légère odeur de camphre, le long de ses bras
Elle avait les joues rouges, et des bas en soie
Je léchais son parfum, du bout de mes doigts
Elle avait les dents longues, et le corps dangereux
Celui qui vous rend triste, et parfois malheureux
Elle avait l'œil du tigre, celui qui caresse sa proie
Coincé contre le mur, je ne bronchais pas.
J’aimais quand elle venait Marie, quand il faisait froid
Et que le temps je m'en foutais, quand j’étais avec toi
Quand tu sonnais à la porte, que je ne pouvais m’empêcher
De courir à ma perte en tournant la poignée
J’aimais quand t’étais surprise, que tu perdais tes mots
Quand sur moi tu prenais prise, en me griffant le dos
J’aimais quand t’étais mise, quand tu parlais tout bas
Quand tu disais avec les yeux, ce que je ne voyais pas
Quand je caressais ton visage
En effleurant ta bouche
Dont les contours en peu louches
Restaient pourtant très sages.
Où allons-nous atterrir Marie,
Rome, Venise, Vienne ou bien Milan ?
La mer a tout englouti
Et nous dedans
Il est si loin le temps, il était presque beau
Où nous marchions ensembles le soir au bord de l’eau
Le sable a recouvert ce que l’océan a laissé
Une barque fendue, et ses deux naufragés.
Je me souviens, Marie, je regardais le jour
Se refléter sur ton corps
Aux reflets multicolores.
Et me noyait dans tes yeux
En restant silencieux
Fraiches comme la rosée du matin
Qui perle en gouttes insensées
Des larmes coulaient sur tes mains
Aux lueurs argentées