7 septembre 2010

IL

Il pleut. Même dans mon cœur, il pleut. J’aurais pu faire n’importe quoi qu’il aurait continué de pleuvoir. C’est ainsi, c’est comme ça, comme dirait le Barbier du coin « inutile de regarder le ciel, il n’embauche pas ».
J’aurais voulu partir, aller ailleurs, partout, nulle part, pourquoi pas, que ça ne changerait pas.

Je me rappelle, IL me disait, ou plutôt il ne me disait pas, comment lui il n’avait pas eu le choix. Obligé de fuir, sans avoir même eu le temps de maudire son sort. Certains sont restés, d’autres en sont morts. Morts avec l’uniforme de la honte, celui d’un pays qui n’était pas le leur, malgré eux.
Lui, il avait compris dès le début que ça allait mal tourner, alors un matin d’hiver il était parti. Loin, le plus loin possible, en se disant que tout ça pourrait pas durer. IL ne l’avait jamais regretté. Surtout pas. La fierté d’être français, la vraie, pas celle de ces ramassis patriotiques à la con. Jusqu’au bout, il avait galéré. Jusqu’au bout, il s’était caché, il s'était évadé. Jusqu'au bout il avait tout fait, pour le rester.

Je repense à ça et un long sentiment de dégoût me coule le long de la figure. Face à lui, je ne suis rien, rien qu’un petit mange-merde, rien à côté. Il avait plus de couilles que je n’en aurai jamais. A sa place j’aurais pas osé me barrer comme ça, sans savoir où aller. J’aurais juste été tétanisé. J’aurais juste pleuré dans les jupes de ma mère et prié pour qu’on m’oublie.

Je l’aurais juste porté, moi, l’uniforme de la honte.

Je n’en ai jamais su beaucoup plus. Ses yeux me disaient tout le reste. Un regard simple, innocent, et à la fois d’une immense tristesse. Un regard qui me calmait direct, un regard qui m’emmenait avec lui. Un regard avec lequel j’aurais pu écrire tous les récits du monde.

Quand il était parti, seul, ce matin d’hiver, il ne le savait pas encore, il allait laisser beaucoup de choses derrières lui.
Quand il était parti, il ne le savait pas encore, il n'allait plus jamais vouloir revenir.

Lui était victime de son époque, moi je le suis de ma connerie.

"Tous les matins du monde sont sans retour."

2 commentaires:

  1. On en prend plein la gueule quand on te lit.
    N'arrête jamais.
    Tous les matins du monde sont sans retour.
    Mais ils mènent quelque part.
    vas y !

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