19 février 2011

POSTE RESTANTE

Plus je travaille et moins je fais tout le reste.
Je me lève trop tôt, part travailler trop vite, revient chez moi trop tard. Le corps las, l’esprit vidé. Sans vouloir rien faire d’autre, fatigué, sans vouloir me coucher. Le temps de dîner, de traîner sur le net, d’éteindre la lumière, que la nuit est déjà passée. Que le même cycle semble se répéter de semaines en semaines, de journées en journées.
Le banal schéma ‘métro-boulot-dodo’ tourne en boucle avec la même platitude, le même froid, la même réalité. La monotonie s’est incrustée dans mon quotidien sans même l’avoir réalisé.
De façon plus ou moins consciente, ou inconsciemment volontaire, ou involontairement subie, ou n’importe quelle autre connerie du genre quelqu’un, quelque chose, quelque part, semble avoir changé. Volontairement ou pas, un truc s’est déconnecté, a annihilé le peu de vie privée qu’il me restait.

C’est curieux de voir que si vous n’appelez pas vos amis, ces derniers ne vont pas vous appeler. Comme si les choses ne pouvaient fonctionner que d’un certain sens, d’un certain côté. Force est aussi de constater que la plupart sont sous liberté surveillée par leur moitié. Le décalage s’est créé, mais je serais bien incapable de dire si c’est eux qui sont en avance ou moi qui suis retardé.

Quoi qu’il en soit, en ce moment la plupart des gens à qui je parle durant la journée ont pour triste point commun d’avoir le même employeur, la même façon de parler. Étrange. Le reste, je le croise furtivement au hasard des regards volés, aux coins de rue, à l’entrée des bistros. En attendant le métro.
Je suis devenu une sorte de machine esseulée, programmée pour faire son devoir et laisser tout le reste de côté. Je suis en train de me déshumaniser.

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