20 septembre 2011

BLIND

Je voyage toujours à l’envers. Dans l’autre sens, celui où tout s’en va. Je fixe les néons et les devantures, je retiens ma montre, et le temps parfois. Je repère les trottoirs sombres, les gens mal habillés, ceux qui sont tristes, ivres, ou bien trop occupés. Les méprisants, les intrépides, les filles au regard froid. J’imagine les rues où les autres ne vont pas.

Ce décor fuyant est un python vorace. Il me tétanise, puis lentement m’enlace. Mais bien souvent il me file entre les doigts. Et caché derrière ma vitre, je sens que je me noie. J’esquisse un sourire, retrouve un peu ma place, à regarder ces filles à peine un peu trop lasses. Je tente de me convaincre que je peux être beau, et que si elles le pouvaient elles me feraient la peau. Que si elles le pouvaient, elles feraient tout pour moi, qu'elles s’enverraient en l’air avec n’importe qui, et pour n’importe quoi. Mais elles ne font rien comme personne, et ce depuis bien trop longtemps. Elles ont oublié que le monde étonne, et qu'il peut être émouvant.

Alors faisons tout comme tout le monde, c’est encore le moindre mal. Celui qui fait même du bien, et puis qui se fait la malle. Abandonnons nous vite, allons y gaiement. Crachons sur nos rêves, puisqu’il le faut vraiment.

J’aurais aimé sortir, mais je suis lassé, de toutes ces promesses qui n’engagent qui ceux qui les croient.
J’aurais aimé sortir, mais je suis lassé, de toutes ces choses qui n’existent pas.

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