31 juillet 2014

ULTRAVIOLENCE

Je me souviens, je l'attendais souvent dans le fond du couloir, les bras ballants, le regard dans le vide, la tête enfoncée dans mon espoir. Le dos contre le mur, j'étais là immobile, à refaire le monde à l'envers. Longtemps.
Puis elle arrivait là, l'air assuré, le geste vif : "viens, embrasse moi" qu'elle faisait. Et là tout recommençait, elle arrivait, se servait du café, nettoyait machinalement une connerie, lâchait un bâillement, et je la regardais juste comme ça, silencieux.

J'aimais. J'aimais quand elle arrivait, quand elle se rapprochait de moi, quand elle prenait ma main et la faisait glisser le long de sa cuisse puis l'empoignait tout à coup comme si j'avais fait un geste interdit. J'aimais. J'aimais quand elle s'asseyait brusquement sur moi, plongeait ses yeux dans les miens et commençait à faire des va-et-viens avec ses hanches tout en lâchant un long gémissement.

Bam bam ! que ça faisait le long du mur et tout l'appartement.
Sans s'arrêter.

J'aimais ça.

A jamais.