30 avril 2015

FAITS DIVERS

Parfois on marche dans la rue comme si on était seul au monde, on fait des signes à des gens imaginaires, on cherche un visage familier, ou dans un dernier effort on lève un poignet. On aurait aimé sourire mais quelque chose au fond de nous nous retient sans savoir ce que c’est. Alors on continue de marcher.

On croise des filles aussi souriantes que si elles allaient à l’enterrement de leur grand-mère mais on trouve ça normal. Après tout la vie n’est qu’une question d’idéal. Alors on efface le temps d’un moment tout ce que l’on est ou tout ce que l’on a été, on plonge dans un regard, on écorche un nom, on retrouve un souvenir oublié.
Tout ça n’a aucun intérêt.


On vit, on meurt, on baise.
Parfois pas dans le même ordre.


8 avril 2015

PALO ALTO

"T'es un mec bien", me disait-elle parfois, après avoir allumé 2 clopes et en avoir fumé 3.
Allongée sur le rebord de la fenêtre, elle écoutait sagement ce que je disais tout en coupant la fin de mes phrases par des remarques assassines puis quelques mots doux comme pour me rassurer. Elle enveloppait tout ça d'un rire nerveux assez agaçant sauf que moi j'avais pas trop envie de rire. La main crispée sur sa cuisse, elle regardait souvent ailleurs mais avec son maquillage outrancier elle arrivait toujours à capter mon attention. Ça lui donnait un air un peu théâtral, le genre qui donne vie à des scènes tout à fait banales comparé à mes discours précis et monocordes, le genre qui te donne l'impression qu'a cet instant ta vie est superbement sexy.
Oui sexy, ça lui allait bien, je sais pas si c'était naturel mais ses poses la rendaient sexy et je dois dire j'aurais bien eu envie de lui lécher l'entrejambe malgré ses vergetures. J'imaginais bien la scène où une simple interview se transformait subitement en scène de film porno à base de cigarettes, ça m'a fait rire puis je me suis dit que j'avais vu trop de films.

Elle était habillée tout en noir, avec un long chapeau noir, un jean noir troué et puis ces lèvres rouges bordeaux qui te tapent dans l'œil. Ses longues jambes à demi pliées laissaient entrevoir des lambeaux de chair laiteux sans qu'on s'en rende compte et même si on la regardait on ne savait pas trop quoi faire. On savait pas si il fallait voir ou entendre.
C'était comme si son corps te parlait, comme s'il voulait te dire quelque chose et j'avais bien du mal à savoir si c'était en bien ou en mal. Alors j'insistais pas. Elle non plus.

Être un mec bien c'est comme un œuvre d'art en fait, c'est beau mais inutile.
Être un mec bien n'aide pas à tomber amoureux de vous.