14 septembre 2014

JANE DOE

8 septembre 2014

AILLEURS À L'EST

Élise. Élise est partie et je suis là, assis dans mon lit, les bras tendus et le regard dans le vague, la tête baissée, à demi nu.
J'imagine qu'elle me regarde, avec son sourire en coin, ses yeux perçants comme des poignards, ses lèvres pincées. Les jambes raides comme des piquets, la frange à l'envers. Je suis à demi nu et je m'imagine avec elle, devant elle, sans pudeur aucune, prêt à tout enlever, à tout montrer. Peur de tout et puis de rien face à la nudité. Je la sens près de moi, hésitante, immobile, qui me dévisage, un peu gênée, un peu surprise peut être, amusée.
Je me déshabille et j'imagine tout ce qui aurait pu arriver, qui s'est passé des fois, qui arrivera sûrement. Je pense à tout ça et cela suffit à me réconforter quelques minutes, à me croire beau, désirable, désiré. Aimé.

S'imaginer seul, avec une autre, ne serait ce qu'une seconde, une heure, une éternité.
Sans même la toucher.

  Regarde moi putain, regarde moi. Chloé

31 juillet 2014

ULTRAVIOLENCE

Je me souviens, je l'attendais souvent dans le fond du couloir, les bras ballants, le regard dans le vide, la tête enfoncée dans mon espoir. Le dos contre le mur, j'étais là immobile, à refaire le monde à l'envers. Longtemps.
Puis elle arrivait là, l'air assuré, le geste vif : "viens, embrasse moi" qu'elle faisait. Et là tout recommençait, elle arrivait, se servait du café, nettoyait machinalement une connerie, lâchait un bâillement, et je la regardais juste comme ça, silencieux.

J'aimais. J'aimais quand elle arrivait, quand elle se rapprochait de moi, quand elle prenait ma main et la faisait glisser le long de sa cuisse puis l'empoignait tout à coup comme si j'avais fait un geste interdit. J'aimais. J'aimais quand elle s'asseyait brusquement sur moi, plongeait ses yeux dans les miens et commençait à faire des va-et-viens avec ses hanches tout en lâchant un long gémissement.

Bam bam ! que ça faisait le long du mur et tout l'appartement.
Sans s'arrêter.

J'aimais ça.

A jamais.

10 avril 2014

REC.

"Dis, tu viendras ?" Me disait-elle parfois, à travers le son synthétique d'un téléphone bon marché. J'arrêtais de respirer, je marchais droit devant moi puis je répondais oui d'une voix un peu faible.

Parfois j'attendais une heure ou deux, je savais plus si je devais appeler ou pas, puis elle arrivait d'un coup sans rien dire. D'un coup, comme si c'était normal.
Elle posait sa veste dans un coin et baissait les yeux jusqu'à ce qu'elle sorte ce qu'il fallait de son sac en cuir vert usé. Je la regardais faire puis ça allait, puis on se regardait. Oh fallait pas que ça bouge, fallait juste sentir sa peau s'enfoncer, sentir son souffle coupé, son odeur fanée, repartir en arrière et fuir toutes ses pensées.

Parfois, on oubliait qui on était, on frottait nos vieilles carcasses l'une contre l'autre comme pour se réchauffer, puis on se laissait tomber par terre en répétant les mots qu'on avait cru entendre ou qu'on aurait voulu prononcer. On abandonnait tout ce qu'il nous restait et on essayait d'aimer.

On en avait marre puis quelques jours après on craquait. C'est sûr qu'on fuyait. Je voulais que ça cesse mais j'aurais tout fait pour arrêter.

Caresser son corps, mordre son épaule, écorcher ses lèvres, s'en aller.

J'ai tout perdu.

8 avril 2014

BRMC

J’ai mis ma main dans ses cheveux puis je l’ai regardée partir.
La veille, je lui avais ouvert la porte comme une à inconnue, je l’avais observée furtivement pour pas trop paraitre, elle s’était assise dans un coin et avait fait mine de regarder dehors comme si elle n’était pas là. Ça m’avait fait un choc, pourtant j’avais déboutonné son chemisier sans dire un mot, elle n’avait pas bougé non plus, et nous avions fait comme avant.

Parfois je pense à ça, au fond de ma mémoire et de mon lit trop grand, j’ai envie de pleurer et de rire tout en rêvant à la fois. J’ai envie de croire, et pourquoi pas d’avoir la foi. Le silence fait mal, et le bruit plus encore, je broie mon ennui comme je peux, même si j’hésite encore. Je regarde par la fenêtre, je les croise de temps en temps, je jette un œil sur leurs photos de vacances, leur sex tape ou bien leur cours de biochimie. Elles portent parfois un legging ou une écharpe très épaisse l’hiver, elles chantent avec leurs copines quand elles ont la vingtaine, ou quand elles sont bourrées, et ont les yeux rivés sur leurs iphones dans le métro. Je les croise encore, et puis encore une autre fois. Puis aussi je rentre chez moi. Je m’assoie contre le mur, allume une cigarette, pourquoi pas la télé.
J’aurais voulu leur parler.

Je marche dans la rue, le plus souvent la nuit. Je cherche la lumière et pourtant je la fuis. Seul dans ma mémoire et perdu dans mon lit. J'aurais aimé y croire. Ni pardon, ni oubli.

"j'écris bcp moins ces derniers temps, peut etre parce que je baise bcp plus"