7 novembre 2015


21 octobre 2015

MARIE OU MARILYN / HAPPINESS IS A WARM GUM

On devait normalement prendre un verre mais à peine entrée elle se mît à s'allonger sur le lit.
Assis dans mon coin je ne bougeais pas, je voulais voir ce qu'elle allait faire. Si elle allait attendre ou agir. Elle releva la tête et commença à me fixer avec ses yeux noirs perçants, en mode félin. Je crois que c'était comme pour m'inviter à la rejoindre alors c'est ce que je fis.
J'étais là tout près d'elle et j'effleurais sa bouche comme toutes autres parties de son corps. C'était même mieux que la baise. Lécher son odeur, sentir sa poitrine, dessiner ses hanches, la plaquer contre soi.
C'était même mieux que la baise.
Mais elle était là pour ça.

"Attache moi"

Je voudrais conduire pendant des heures, arrêter la voiture au milieu d'un parking poussiéreux, boire un Dr Pepper en trouvant que c'est pas si dégueulasse, faire l'amour dans des motels et puis qui sait, peut-être me planquer pour ne jamais rentrer.

18 octobre 2015

LIGHTS

Je me souviens j'arrivais souvent sur le quai de la 12 en marchant trop vite.
Je manquais de buter sur les gens qui prenaient place alors j'essayais de pas trop les bousculer. Je finissais par trouver un endroit où on me laissait tranquille et en levant les yeux j'apercevais parfois un jeune homme mince, la canne à la main.
Il était là, immobile, sans dire un mot. Il attendait calmement la tête droite et je crois que j'avais jamais vu quelqu'un d'aussi noble et apaisé. Pas de téléphone, pas de livre, pas d'écouteurs, rien. Juste quelqu'un attendant simplement une rame de métro dans le noir, en inscrivant des sons dans sa mémoire.

Il ressemblait à n'importe quel autre jeune homme, sauf qu'il était seul avec une canne et je pouvais pas m'empêcher de penser que c'était dégueulasse. C'était dégueulasse de pas pouvoir savoir qui est là en face de toi, à te parler, te sourire, te regarder en silence ou bien verser une larme. C'était dégueulasse de pas pouvoir saisir un instant, croiser un regard ou le frétillement d'une fille intimidée. C'était dégueulasse de pas pouvoir connaître le visage des personnes qu'on aime, ou qu'on aurait pu aimer.
Je sais pas comment il faisait. Moi j'aurais pas supporté, je serais pas resté immobile sur ce quai.

Quand on sortait à Montparnasse je marchais souvent devant lui et je faisais exprès de claquer mes talons pour qu'il entende mieux par où aller. J'attendais qu'il ait traversé la rue puis je me cassais. C'était ma façon de l'aider.

Je ne lui ai jamais rien dit, j'aurais pas su quoi dire et puis à quoi bon parler.
Je ne lui ai jamais rien dit, mais j'aurais aimé qu'il sache combien je l'admirais.

11 octobre 2015

WALES

"Est ce que je peux te faire un fellation ?" me disait elle parfois avec ce petit accent anglais à la Jane Birkin qui me faisait craquer, les yeux levés vers le ciel et le sourire en coin.

Elle était blonde, cheveux longs, avec très peu de seins et très peu de taille aussi, mais elle se baladait souvent nue dans l'appartement et ça semblait aussi naturel que si elle avait été habillée.
Penchée sur le rebord de la cuisine, elle préparait les yeux brouillés comme ça et je la trouvais incroyablement belle même si je ne pouvais m'empêcher de penser que d'autres auraient pu faire mieux. Alors je pensais à autre chose.

C'est aussi ça l'histoire de ma vie, désirer ardemment ce que je n'ai pas, être un peu déçu de ce que j'ai, et rêver parfois de ce que j'ai eu.

14 mai 2015

COUPES SOMBRES

Je sais pas me vendre, et puis j'ai pas envie. Comme si je faisais ma pute dans la nuit.

J'aurais voulu dire les belles choses, même avec des mots simples, mais parfois tout s'embrouille et on se retrouve avec des morceaux de phrase mal foutus. On tente de les rassembler et rien ne se met en place. Alors pêle-mêle j'aimais quand tu venais et qu'il faisait gris tout sombre, et que le temps je m'en foutais. J'aimais quand tu sonnais soudainement à ma porte et que je pouvais pas m'empêcher de me presser pour ouvrir. Quand tu semblais surprise et que t'osais à peine dire bonjour, que je te tirais par le bras pour te coller contre moi et que je te caressais le visage en effleurant tes lèvres. J'aimais quand je regardais dans tes yeux et que j'y voyais ce que j'avais jamais vu avant, quand je me rapprochais tout doucement, quand tu restais silencieuse et que tu te laissais faire.
J'aimais quand tu disais que j'étais un mec bien, qu'on t'avait jamais prise dans les bras comme ça, quand tu parlais de toi. Et puis peut être d'autres choses.

J'aimais quand tu disais que tu avais aimé être avec moi. Même si je sais pas me vendre et puis j'ai pas envie. J'aimais quand tu disais que t'avais aimé être avec moi. Moi j'aime encore, et puis le reste aussi.

30 avril 2015

FAITS DIVERS

Parfois on marche dans la rue comme si on était seul au monde, on fait des signes à des gens imaginaires, on cherche un visage familier, ou dans un dernier effort on lève un poignet. On aurait aimé sourire mais quelque chose au fond de nous nous retient sans savoir ce que c’est. Alors on continue de marcher.

On croise des filles aussi souriantes que si elles allaient à l’enterrement de leur grand-mère mais on trouve ça normal. Après tout la vie n’est qu’une question d’idéal. Alors on efface le temps d’un moment tout ce que l’on est ou tout ce que l’on a été, on plonge dans un regard, on écorche un nom, on retrouve un souvenir oublié.
Tout ça n’a aucun intérêt.


On vit, on meurt, on baise.
Parfois pas dans le même ordre.


8 avril 2015

PALO ALTO

"T'es un mec bien", me disait-elle parfois, après avoir allumé 2 clopes et en avoir fumé 3.
Allongée sur le rebord de la fenêtre, elle écoutait sagement ce que je disais tout en coupant la fin de mes phrases par des remarques assassines puis quelques mots doux comme pour me rassurer. Elle enveloppait tout ça d'un rire nerveux assez agaçant sauf que moi j'avais pas trop envie de rire. La main crispée sur sa cuisse, elle regardait souvent ailleurs mais avec son maquillage outrancier elle arrivait toujours à capter mon attention. Ça lui donnait un air un peu théâtral, le genre qui donne vie à des scènes tout à fait banales comparé à mes discours précis et monocordes, le genre qui te donne l'impression qu'a cet instant ta vie est superbement sexy.
Oui sexy, ça lui allait bien, je sais pas si c'était naturel mais ses poses la rendaient sexy et je dois dire j'aurais bien eu envie de lui lécher l'entrejambe malgré ses vergetures. J'imaginais bien la scène où une simple interview se transformait subitement en scène de film porno à base de cigarettes, ça m'a fait rire puis je me suis dit que j'avais vu trop de films.

Elle était habillée tout en noir, avec un long chapeau noir, un jean noir troué et puis ces lèvres rouges bordeaux qui te tapent dans l'œil. Ses longues jambes à demi pliées laissaient entrevoir des lambeaux de chair laiteux sans qu'on s'en rende compte et même si on la regardait on ne savait pas trop quoi faire. On savait pas si il fallait voir ou entendre.
C'était comme si son corps te parlait, comme s'il voulait te dire quelque chose et j'avais bien du mal à savoir si c'était en bien ou en mal. Alors j'insistais pas. Elle non plus.

Être un mec bien c'est comme un œuvre d'art en fait, c'est beau mais inutile.
Être un mec bien n'aide pas à tomber amoureux de vous.

28 mars 2015

24 mars 2015

20 SEINES

Je ne vais plus à Vincennes.

Je me souviens que j'étais toujours heureux et un peu tendu quand je sortais du RER, je regardais à droite et à gauche comme pour reconnaître la rue, je cherchais fébrilement la bonne porte puis je frappais dessus en retenant mon point le plus possible. J'avais peur qu'elle ne soit plus là, qu'elle ne m'ait pas entendue, qu'elle ne veuille plus me voir, qu'elle soit avec un autre. J'avais peur comme un con.

Maintenant je ne vais plus à Vincennes, j'ai voulu faire le malin, faire comme si de rien n'était mais je me suis pris le vide en pleine gueule et ça m'a fait mal. Ces rues mortes, cette longue sensation de solitude, cette façon de ne plus reconnaître les lieux, tu marches quelques pas et partout tu ne vois que ce qui n'est pas là. Alors tu te tires.

Je pensais pourvoir y revenir.
Je ne vais plus à Vincennes.

1 mars 2015

DÉCADENCE POST-MODERNE

J'aimais bien Maria.
Avec elle, pas de complications, on était dispo on se voyait puis basta.

Elle venait me chercher en voiture dans cette gare un peu défraîchie, je regardais passer les arbres et les villas bourgeoises pendant qu'elle me racontait ses dernières mésaventures puis on s'envoyait en l'air dans son 40m2 au deuxième étage. Puis on discutait.

Parfois, il arrivait qu'elle me suçait et qu'elle me laissait jouir dans sa bouche sans rien dire. Et tout ça gratuit.

C'était sympa de venir chez elle.

J'aimais bien Maria.

18 janvier 2015

TOUS LES MATINS

Jeudi dernier, comme tous les matins, je suis allé au boulot.
J'ai fermé la porte derrière moi, j'ai pris le bus, puis le tramway, puis j'ai fait quelques centaines de mètres à pied pour rejoindre ce lieu où ma vie s'arrête d'exister pendant quelques heures. Il faisait gris, comme il le fait toujours, mais il y avait quelquechose d'étrange. La veille des gens qui dessinent des choses que je n'avais jamais vues, comme eux, avaient été assassinés et ça m'avait secoué et indigné mais je me disais qu'après tout personne n'est à l'abris de rien.

Et puis j'ai pris cette rue un peu fanée et abritée par des platanes abimés par le temps, à droite l'école juive était toujours là, identique, calme, protégée par 2 policiers, puis 3, 4 et puis tout un fourgon. On entendait des sirènes de police, puis on remarquait des voitures mais elles ne s'arrêtaient pas là et stoppaient un peu plus loin. Des camions de pompier étaient là aussi.
J'étais étonné, décidément tout le monde était un peu trop à cran, puis dans un réflexe de curiosité j'ai jeté un coup d'œil sur mon portable : "Coups de feu à Montrouge, une jeune policière abattue" qu'il y avait marqué.
"Bizarre.." .. je me suis dit. Ça peut être bizarre de travailler à Montrouge.

Ce matin je suis passé à pied devant une école juive, comme tous les matins.