11 juin 2010

FATIGUÉ

Je suis revenu chez moi, voir mes parents s’inquiéter, sans le montrer, et mon grand-père crever, sans encore l’oser.

Mais je suis vite rentré, vidé, interrompant mon coloc qui se faisait sa petite soirée avec la nana qu’il venait de se serrer, italo-monégasque pas assez coincée, un peu trop friquée, plutôt bonne mais regrettablement conne. Je me suis mis à les matter, appuyé sur le rebord de la fenêtre, une bouteille de vin blanc dans une main et une cigarette dans l’autre, l’œil déjà vitreux, le corps engourdi, l’esprit ailleurs puisque ça m’arrangeait. Je les mattais l’air de rien et voilà qu’ils ont commencé à se caresser sévère, les enculés, pas un pour rattraper l’autre, comme si j'existais. Au lieu de faire de même ou de définitivement disparaître dans un reste de décor j’ai préféré me barrer, avec une légère envie de gerber, et une plus grosse envie de me défoncer. Je ne sais pas comment on peut autant les détester.

Une fois on m’avait dit que j’étais flippant à sans cesse observer en silence sans l’ouvrir. J’avais aimé ça, rester impénétrable, ne pas laisser transparaître la moindre de mes pensées, rendre mal à l’aise en ne faisant que regarder.
J'avais aimé ça, jusqu'à ce qu'on finisse par m'ignorer.

Minuit passé, j’ai toujours cette bouteille de vin blanc dans une de mes poignées, et dans l’autre un Dell Inspiron 6000 sur lequel j'essaye de taper. Je suis là, bien coiffé, à moitié fait, correctement cultivé, et j'entends des petits bruits douteux s'échapper de la chambre d'à côté.
J’aurais peut être dû le fracasser, qui sait.

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