2 juillet 2010

ELLE

J’ai ouvert la porte et je l’ai vue sur le rebord, l’esprit embrouillé, le regard perplexe. Elle est rentrée sans rien dire et s’est servie cash du whisky qui traînait sur la table. J’avais jamais vu ça. Je l’avais jamais vu tout court. Après 3 verres elle s’est mise à me dire « baise moi », j’ai pas trop compris mais je l’ai fait quand même, puisqu’elle était baisable.

Elle avait l’air de s’en foutre, de le faire parce qu’il le fallait, j’ai pas trop compris non plus. Mais j’ai continué, l’ai laissé faire ce qu’elle voulait, l’ai laissé jouir doucement puis se rhabiller, l’ai laissé partir sans un mot, dans un silence aussi long que ces longs cheveux noirs qui coulaient dans son dos.

Puis un jour je marchais le soir tard dans la rue quand je l’ai aperçue, l’œil hagard, le regard perdu. J’ai senti un frisson, un frisson de remord comme on en a plus. J’ai retrouvé son odeur, sa sueur, ses gémissement retenus. Elle ne m’a pas reconnu. Elle a juste remarqué le premier venu, lui a taxé sa bouteille de vodka et l’a pris par le bras avant de lui dire « baise moi ».

On était le 26, ça je m’en rappelle, parce que c’était le jour où mon coloc avait reçu son déguisement Tortue Ninja.

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