22 septembre 2010

HELL

Elle est grosse, petite, presque moche, mais surtout elle est grosse.
Elle m’a amené dans ce Parc, tout proche, que je ne connaissais même pas, une anomalie dans la ville, le quartier, le truc caché, coincé entre quatre immeubles, dissimulé derrière des parapets, beau mais caché.
Elle m’a amené je sais plus trop pour quoi, passer le temps, plaire, discuter, donner l’impression que notre vie est remplie, animée, oublier les après-midi passées à s’emmerder, à traîner sur Facebook, la gueule à peu près défoncée pour s’occuper, à mater la vie des gens débordés.

Elle s’est allongée dans l’herbe à moitié dénudée, j’ai ajusté péniblement mes idées pendant qu’elle étalait lentement ses jambes très blanches, bien épilées, bizarrement fines, et qu’elle balançait sa tête en arrière pour mieux prendre le soleil. Le Parc était pentu, propre, bien agencé, accueillant, paisible, peu fréquenté, il me donnait envie de rester même si globalement je n’avais rien à faire avec elle.

Elle a sorti le débardeur d’été, elle n’y était pas obligée, mais elle l’a fait. J’ai pu admirer ses seins énormes mais ça ne m’a pas spécialement fait d’effet, ça m’a juste permis d’entrevoir les quelques vergetures légitimes qu’elle pouvait pas masquer. Elle s’est mise sur le dos, sur le ventre, sur le côté, dans tous les positions, dans tous les sens, elle a tout essayé. J’ai eu beau essayer, rien n’y a fait, j’ai pas pu bander. Rien, pas même une demi-molle. Enfin, ça, depuis la première fois que je l'avais vue, c’était déjà joué.
J’ai pas pu commencer à parler, j’ai pas pu me forcer, je la connaissais, un peu, mais ça me suffisait, je savais que ça n’allait rien donner.

Elle s’est mise à me fixer droit dans les yeux sans s’arrêter puis elle a commencé à l’ouvrir sévère et là j’ai clairement eu envie de me barrer, de la planter là au milieu cette pelouse bien taillée. Elle a guetté mes réactions pour percer le fond de ma pensée et j’ai essayé d’esquiver, d'effacer ma naïveté, sans vraiment y arriver. Plus ça avançait et plus je flippais, j’avais du mal à comprendre ce qui arrivait, sa personnalité, son cynisme aiguisé. J'ai pris un Valium puis je me suis concentré comme j’ai pu pour pas me faire démasquer, pour pas me montrer tel que j’étais. L’exemple type de la futilité, le contraire de la sincérité, il était là, devant moi, à se déverser, à m’observer, ça me gênait. Je savais que tous mes défauts, tous les trucs qui me complexaient, elle aurait fini par les trouver et me les balancer mais que la seule raison pour laquelle elle m’épargnait c’est qu’elle m’aurait bien baisé.
Consommer. Prendre et puis jeter. Rock’n’roll. Pourquoi ne pas en profiter.

Au bout d’une heure et demi j’avais dû dire ce qu’il fallait puisqu’elle m’a laissé partir sans broncher.
Elle n’avait pas bronzé.

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