30 janvier 2010

UN

Elle est là et elle me parle comme si elle n’avait vu personne depuis des semaines. Le vin est douteux, le café encore plus mais cela lui semble bien égal du moment qu’elle puisse faire régulièrement sortir des sons intelligibles de sa bouche.
Je suis là, je l’écoute, les bras ballants, l’esprit vide, le regard ailleurs, la fierté quelque part, et plus le temps passe et plus je renonce à toute envie de m’exprimer. Sa logorrhée, diablement efficace, a fini par méthodiquement annihiler mes dernières tentatives de révolte. Mon cerveau n’a plus la force de l’interpeller, pas même de l’écouter, tout juste de s’évader.

Je la regarde du fond des yeux, aussi intensément qu’il puisse être, et je lutte désespérément pour ne pas me noyer dans ce bleu d’une profondeur abyssale. J’aurais pu me perdre dans son iris qu’elle ne m’aurait pas remarqué. J’aurais pu lui dire que je l’aimais, que je crevais d’envie de l’embrasser délicatement en lui passant lentement ma main dans ses cheveux, qu’elle ne m’aurait pas écouté.

J’étais son déversoir, sa distraction du soir, son récepteur à histoire, peut être même son défouloir.
Son bon vouloir.

J’aurais tout fait pour l’avoir.

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